Un traitement pour guérir la maladie parodontale

La parodontite sévère occupe la 6e position des maladies avec le taux de prévalence le plus élevé dans le monde, soit 11,2 % de la population ou plus de 743 million de personnes. La charge mondiale de cette maladie s’est accrue de 57 % entre 1990 et 2010 . S’il est difficile d’avoir des données précises pour le Québec, on estime qu’environ un adulte sur deux sera aux prises avec une forme de maladie parodontale qui, dans biens des cas, atteint les gencives et finit par provoquer une diminution osseuse menant à la perte des dents.

« Il s’agit d’une maladie indolore. Beaucoup de gens ignorent qu’ils en souffrent » explique le Dr. Mark Bonner, dentiste dont la pratique est entièrement consacrée aux soins des gencives. « La prévention se fait dans la jeune vingtaine. La gingivite agit en quelques sortes comme une porte d’entrée. Il faut dont être à l’affut des signes tel que des rougeurs aux pourtours des gencives, des saignements, une mauvaise haleine ». A l’aide du microscope, le Dr. Bonner arrive à monitorer la santé générale des gencives, appuyé par des tests génétiques permettant d’identifier les microbes présents dans la bouche d’un patient. « En prenant un échantillon de plaque lors de votre visite de suivi, votre dentiste sera en mesure d’analyser le contenu de votre biofilm et donc, l’état de santé général de vos dents » explique-t-il. Au fond, c’est un peu comme chez le médecin : tests, cultures et radiographies.

« C’est relativement simple. Au microscope, on observera des bactéries qui ressemblent à des points et des lignes, peu mobiles, chez une personne en santé. Lorsque la gingivite s’installe, la flore augmente en motilité, puis dans certains cas, arrive la parodontite accompagnée presqu’à tous les coups de parasites, principalement Entamoeba gingivalis ». Ce parasite s’installe au fond de la gencive, profitant de conditions anaérobiques optimales, vivant en interaction avec les bactéries qui prolifère jusqu’à détruire progressivement l’os de soutient des dents. Si la détection d’E. gingivalis dans les sillons gingivo remonte à il y a au moins une centaine d’années, le rôle de ce protozoaire dans la parodontite demeure incertain. « Il est difficile de démontrer à 100 % que l’amibe est responsable de cette maladie, mais la corrélation est pour ainsi dire parfaite. Elle fait partie d’un ensemble de microorganismes pathogènes qui ensemble, provoquent les lésions » explique le Dr. Bonner. « Ce que l’on sait, c’est que l’amibe n’est pas présent chez les patients en santé et qu’elle est présent dans la majorité des cas de parodontites ».

Un traitement révolutionnaire développé entre la France et le Québec

Depuis longtemps, la parodontite est considérée comme une maladie chronique que l’on stabilise avec des risques de rechute importants. « Les traitements mécaniques ou chirurgicaux ne permettent pas d’éliminer à 100 % la flore pathogène qui continue de former des micros-abcès tout au fond de la crevasse parodontale » présente le Dr. Bonner, « avec pour principale conséquence d’obliger les patients à suivre traitement après traitement pour le reste de leur vie ou jusqu’à ce qu’ils aient perdu toutes les dents ».

Après plus de 20 ans d’efforts, tant cliniques qu’au niveau de la recherche, le protocole de traitement antiparasitaire vient à nouveau de faire ses preuves. Appuyé depuis les débuts par la célèbre Institut Pasteur, une première étude avec plus de 100 échantillons a permis de révéler que 76 % des patients atteint de parodontite ont des amibes dans les poches parodontales. Puis, en 2014, une autre étude réalisée cette fois sur 632 patients traités pour parodontite chronique ou agressive, a permis de constater après traitement parodontal antiparasitaire qu’on obtenait une cicatrisation clinique moyenne des poches infectées de 95,7 % pour l’ensemble des patients à 12 mois.

Puis Frontiers la célèbre revue publie un article de fonds qui vise à réévaluer le rôle de l’amibe Entamoeba gingivalis en tant que pathogène. Cette amibe a longtemps été considérée comme un commensal, pourtant mentionne le Dr. Bonner, on ne l’observe pas chez les personnes dont les gencives sont en parfaite santé. « Avec les images vidéos prises à l’aide du microscope, nous avons été à même d’observer l’amibe ingérer les noyaux des globules blancs ». C’est ce qu’on appelle la phagocytose. Une fois détruit par l’amibe, le globule blanc peut déverser ses enzymes protéolytiques sur les tissus fragiles. Une amibe peut se nourrir de plus d’une centaine de globules blancs au cours de sa vie, un signe éloquent de pathogénicité.

Si le Dr. Bonner enseigne à d’autres praticiens son protocole de traitement basé sur l’élimination des parasites dans les cas de parodontite depuis de nombreuses années, cette dernière publication vient mettre un sceau de crédit sur son approche. Le protocole de traitement antiparasitaire vient offrir enfin une opportunité de santé : il devient possible de guérir la maladie parodontale. La méthode repose sur plusieurs éléments relativement simples : l’élimination de la flore pathogène à l’aide de désinfectants, l’entrainement au patient de techniques d’hygiène rigoureuses et une méthode de gestion de l’entourage afin d’éviter la réinfection. « Il faut en général 12 mois pour traiter un patient. Si celui-ci épouse bien les directives de son dentiste, la méthode fonctionne dans plus de 95 % des cas. Aucun besoin de chirurgie. On peut même conserver des dents qui autrement auraient été vouées à l’extraction » lance le Dr. Bonner.