Une autre vision de la maladie parodontale

Par Frédérick Bonner


La journée mondiale de la santé bucco-dentaire a lieu le 20 mars de chaque année. Plutôt méconnue, cette journée a toujours eu un sens particulier pour moi. Depuis plus de vingt ans, mon Père, le Dr. Mark Bonner, consacre toute son énergie à une chose : vaincre la parodontite, maladie de la gencive.

J’ai maintenant le privilège de partager cet objectif, par le biais d’un projet de relève que nous avons amorcé au cours des derniers mois. Prendre la relève de l’Institut International de Parodontie, une école de formation dédiée au développement et l’application d’un protocole de traitement non-invasif des maladies parodontales, est à la fois un privilège et un immense défi.

« Les maladies parodontales ne sont pas anodines » titrait le Figaro en 2013, une maladie qui toucherait entre 20 % et 50 % de la population. Si elle n’est pas traitée, la parodontite engendrera un déchaussement des dents, une perte osseuse puis, la perte des dents. Dramatique. Pourtant, on y consacre peu d’effort tant en matière de recherche que de sensibilisation et de prévention. Les traitements actuels ne font souvent que retarder la maladie.

La recherche d’une solution
C’est devant l’absence de solutions durables que c’est amorcé le parcours de mon père. Vous comprenez bien qu’il fait partie de ceux qui ne s’arrête pas devant les états de fait, surtout lorsqu’il s’agit de la santé d’un patient. Il était clair qu’à ce moment, comme spécialiste de la santé bucco-dentaire, probablement qu’il souffrait davantage que le patient auquel il devait annoncer qu’il n’y avait pas de solution à sa maladie ou que la chirurgie pourrait l’aider un peu, en attendant. En attendant quoi? De trouver LA solution. Pour tous les entrepreneurs, c’est la clé. Trouver une solution à un problème suffisamment pressant pour être en mesure d’attirer un peu l’attention. C’est comme ça qu’on bâtit une startup. Et ce n’est pas si simple. Après il faut investir dans le développement du produit, faire d’immenses efforts marketing, générer du feedback de la part des clients… sans manquer d’argent!

En dépit de tous les défis, je l’ai toujours vu amorcer chaque journée avec la ferme intention de profiter de toutes les minutes qui lui sont disponibles pour faire connaître la méthode qu’il a développée au fil d’observations et d’expérimentations. Avec les années, il a accumulé plusieurs petites victoires puis, en 2018, coup de circuit. La revue Frontiers publie son article : « Rectifier le rôle d’Entamoeba gingivalis dans les parodontites et les péri-implantites » . Preuve supplémentaire qu’il est à la bonne place, qu’il a mis le doigt sur LA solution.

La maladie parodontale
Si je résume, pour lui, la maladie parodontale est une infection buccale, une infection qui s’attrape et se propage suivant certaines conditions et qui est plus fréquente avec le temps. Outre les signes souvent bien visibles (rougeurs au niveau des gencives), il prélève un échantillon de plaque dentaire puis l’observe au microscope : des bactéries mobiles, des globules blancs et des parasites. Une technique vieille comme la lune. Présent dans pratiquement toutes les parodontites actives se trouve l’amibe Entamoeba gingivalis et dans 20 % des cas, Trichomonas tenax.

Son protocole de traitement repose sur des bases simples. D’abord, supprimer l'infection primaire en contrôlant la gingivite, pour éviter que les parasites ne s'installent. Ensuite, éliminer définitivement tous les parasites, amibes et trichomonas, en se défaisant de l’ensemble de ces protozoaires en même temps. Troisièmement, une fois l'inflammation à un état minimal, éliminer le tartre résiduel du fond du sillon dentaire ou de la poche gingivale. Et finalement, éviter la réinfection.

Entreprendre pour la cause
Je me souviens, lorsque j’avais une dizaine d’année, que mon père nous permettait d’utiliser son microscope. Un microscope à contraste de phase, plus efficace que celui qu’il m’avait donné à Noël l’année précédente. Il m’avait alors appris à reconnaître les bactéries et les parasites de notre microfilm buccal. Puis, il m’a montré les différences entre ma plaque dentaire et celle d’une personne touchée par la gingivite, puis la parodontite. C’était simple. Moi, des filaments, des coccis, des cellules épithéliales, peu de mobilité. Les gens malades : des bactéries mobiles, des globules blancs, des parasites. Impossible de se tromper. À mon tour de faire connaître et reconnaître cette différence importante par le biais de notre projet d’affaires.

J’ai accompagné des entrepreneurs en démarrage pendant plus de 10 ans. Plan d’affaires, plan financier, étude de marché. J’en ai vu réussir, d’autres échouer. On m’a souvent demandé la recette, les étapes, les facteurs de succès, le profil qu’il fallait. J’ai toujours eu les deux mêmes questions : qu’est-ce que toi, tu as le goût de changer dans le monde et qu’est ce qui va t’aider à garder la tête froide quand les choses ne tourneront pas comme tu veux. La réponse est simple, la CAUSE. « It’s Not What You Sell: It’s What You Stand For » comme l’a écrit Roy Spence.

Maintenant que je partage avec mon père la responsabilité de mener notre entreprise, que l’on doit prendre des décisions quotidiennes en matière de marketing, de relation avec les clients, de partenariats, c’est en retournant vers la raison d’être de notre entreprise qu’on parvient à prendre des décisions.

En terminant
En cette journée mondiale de la santé bucco-dentaire demandez à votre dentiste de prélever un échantillon de plaque de votre bouche et de vous montrer ce qu’elle contient à l’aide d’un microscope à contraste de phase.

Références
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fcimb.2018.00379/full Spence, R. (2011). It's Not What You Sell, It's What You Stand For: Why Every Extraordinary Business Is Driven by Purpose, Portfolio Trade, 336p.